Je me balade en forêt, bien qu’il fasse nuit. Je sais que je devais être de retour à la maison, mais c’est tellement ennuyeux là-bas. Je ne suis plus une petite fille qui peut se contenter de jouer toute la journée avec une poupée faite de bois et de branches. J’ai 8 ans et je veux me distraire, explorer le monde. Enfin, la forêt, puisque mes parents m’ont interdit de la quitter. Comme si je pouvais en voir le bout! Alors je me balade dans les bois tous les jours, sauf quand mes parents chassent. Pour une raison que j’ignore, je dois rester à la maison quand ils partent chasser.
Je me promène donc dans de multiples sentiers, je regarde les feuilles des arbres bouger avec le vent. Cela me détend. J’évite tout contact avec les humains, comme mes parents me l’ont dit. Je me demande bien pourquoi. Après tout, je suis une humaine. Non?
Je continue d’avancer dans les sentiers et entre les arbres, puis j’entends des voix. Elles sont loin, mais elles se rapprochent doucement. La curiosité l’emporte sur la prudence. Je veux savoir à qui appartiennent ces voix. Je me mets derrière un arbre et j’attends. Soudain, je vois deux hommes arriver. Ils marchent lentement, comme s’ils cherchaient quelque chose. Je jette au coup d’œil hors de ma cachette pour voir à quoi ils ressemblent. L’un a les courts cheveux bruns et il tient une lanterne dans ses mains. L’autre à de longs cheveux blonds, ses oreilles sont pointues, et il a un arc et des flèches. Tout à coup, l’homme blond tend son arc avec une flèche dans ma direction. Il m’a vu! Je cache ma tête derrière l’arbre.
« Qui y a-t-il, Heiven? » Demande l’homme à la lanterne.
« C’est l’une d’entre Eux. »
« Quoi? »
L’homme aux cheveux bruns tend sa lanterne vers l’arbre où je suis cachée. Il peut voir mon ombre. J’ai peur.
« Mais ce n’est une enfant! Sors de là, petite. »
Je reste où je suis. Je ne veux pas me faire tirer dessus.
« Je suis Torold et mon partenaire s’appelle Heiven. Nous n’allons pas te faire de mal. »
« Mais…! » Rétorque Heiven.
« Baisse ton arc, mon ami, ou je vais te le prendre de force! »
« Pour un Homme, tu es obstiné. Bien. »
Heiven baisse son arc et il remet sa flèche dans son carquois. Avec hésitation, je sors de derrière l’arbre.
« Tu vois? Elle ne peut rien nous faire. » Dis Torold. « Comment t’appelles-tu, petite? »
« Je ne suis pas petite! » Parviens-je à dire malgré ma peur.
« Si tu le dis. Où sont tes parents? » Me demande Torold.
« À la maison, sans doute, je dois rentrer. Je suis déjà assez en retard comme ça! »
« Ha ha! Alors ils vont être bien fâchés! » Dit-il, sans doute pour détente l’atmosphère.
« Oui. Euh… pourquoi votre ami a les oreilles pointues? Y a-t-il d’autres hommes comme lui? »
« Pardon? Sache, jeune fille, que je suis un Elfe. » Réponds sèchement Heiven. « Un Être des Bois. Torold fait partie des Hommes, des humains. »
« Pardon. Je ne connaissais pas les Elfes. Mes parents ne me parlent que des humains. D’ailleurs, je suis humaine aussi. »
« Non, tu es… »
« HEIVEN! » Dis brusquement Torold, comme s’il voulait cacher quelque chose. « Laissons-la rentrer chez elle. Notre chasse n’est pas terminée. Nous devons retrouver ces créatures. »
« Ces créatures? Quelles créatures? » Demandé-je.
« Tu es bien curieuse. » Dis Heiven. « Ce sont des loups ayant l’apparence, le corps d’un humain. »
« Ce sont des Saivaluve. » Ajoute Torold. « Et ils mangent les Hommes, les Elfes, les Nains, les Fées. Toute viande fraiche est bonne pour eux. »
« Oh, c’est horrible! » Dis-je. « Et il y en a dans ces bois? Je ne les ai jamais vus. »
« C’est tant mieux pour toi, sinon… Tu fais mieux de rentrer chez toi. » Dis Torold. « Allez, vas-y. »
Je les remercie, leur dit au revoir, et je me dépêche de rentre à la maison. Étrangement, je n’arrête pas d’écouter les alentours, comme pour être sûr de ne pas être suivi. Pas par un Saivaluve, mais par Torold et Heiven. Pourquoi?
En sécurité dans la simple maison de bois, j’appelle mes parents. Ils ne me répondent pas. Ils ne sont pas à la maison. Ils sont partis à la chasse. Je pourrais les attendre, mais la nuit avance, et je suis fatiguée. Je vais donc me coucher.